Take away shows What's New Live One 2 one Music videos Pocket parties Docs
take away shows — By Fandor
Directed by
Vincent Moon
In Paris

Xiu Xiu

« Je ne suis pas sûr de pouvoir jouer en acoustique parce qu'on n'a rien préparé, mais sinon je suis prêt à tout » répondit Jamie Stewart, le chanteur de Xiu Xiu, à notre invitation de concert à emporter.

Tout, cela voulait donc dire cela : passer prendre des boissons aussi liquoreuses qu'improbables à l'épicerie la plus proche, les disposer sur la table basse de Gaspard qui avait eu la gentillesse de nous accueillir, les boire, puis improviser un jeu de percussion en décrochant le tambourin du mur, avec un cendrier et une clé SNCF en guise de carillon, et un flûtiau de berger catalan pour Caralee.

Entre-temps, Gaspard avait saisi son violoncelle, et c'est donc avec un troisième membre inattendu que Xiu Xiu se livrait à l'exercice de l'improvisation. Comme un chat qui, lâché du cinquième étage, retombe encore sur ses pattes, Jamie et Caralee savent retrouver dans ces circonstances imprévues ce qui fait le prix de leur musique : la tension rythmique, l'incertitude mélodique, l'émergence soudaine d'un événement sonore dont on ne saurait dire si c'est encore du rock, ou plutôt de la musique expérimentale balinaise.

Quelques heures plus tard, au Nouveau Casino, Xiu Xiu allait comme d'habitude livrer un set d'une densité peu croyable et d'un engagement surhumain : on y entendit des basses herculéennes se briser sur des fragments de cymbales, des cris de haine et des chants d'amour, avant de conclure sur un moment de grâce absolu, lorsque la voix de Caralee vint délicatement ponctuer la fin d'une version sublime, forcément sublime de « Sad Pony Guerilla Girl ». Rétrospectivement, l'expérience improvisée vécue l'après-midi prenait alors tout son sens : on venait de pénétrer dans le laboratoire du miracle.