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take away shows — By HenZ

Tsutomu Satachi

Sa voix est fine. Son style de guitare est étriqué. Ses chansons minimalistes. Physiquement, Tsutomu Satachi est tout sec, rien ne dépasse. Face à cette entité uniquement faite de minuscule, nous serions tentés de passer à côté, de continuer notre remue ménage alors qu'il tricote habilement autour. Nul doute que, pour nombre de passagers ce matin là, Tsutomu est passé inaperçu, balloté par les remous du métro.

On ne leur en voudra pas. La première fois où j'ai rencontré Tsutomu à Tokyo, je ne m'attendais à rien. On a vite fait d'ignorer quelque chose que l'on considère insignifiant. Et pourtant, le premier soir où je l'ai entendu chanter ses chansons, j'ai senti instantanément quelque chose de spécial se passer. La foule avait rapidement fait silence pour profiter des infimes détails et de la fragilité de l'homme. Moi-même, j'ai été happé par ces chansons si bien ficelées, si bien construites dans leur simplicité, si particulières dans leur exécution précise et approximative à la fois.

L'album qu'il me fit écouter plus tard – son premier enregistré seul – était rempli de huit perles. Une caresse douce et enveloppante, qui prend son temps, où la répétition de certains motifs est essentielle pour nous plonger dans un songe. On lui pardonne alors son accent approximatif et l'acoustique confinée dans son tout petit appartement dans lequel il a d’ailleurs enregistré. Si vous tendez l'oreille vous entendrez même une voiture qui passe dans cette ruelle tokyoïte à l'autre bout du monde.

La musique de Tsutomu est fragile comme ça. Pourtant, en l'emmenant dans le bruit quotidien du métro, entouré des salary men français du nord parisien, il se faufile entre les masses sonores de notre ville. Il fait durer les passages musicaux pour laisser le temps aux éléments de se calmer, puis clamer son instant mélodique naturellement, sans jamais forcer quoique ce soit. Entre les bruits des départs imminents, de la précipitation des gens, des mouettes excitées de visiter la capitale hivernale, Tsutomu se laisse glisser mystérieusement avec le courant pour distiller ses notes choisies avec sagesse.

Dieu sait que le dépaysement doit être important pour ce japonais isolé et fan de Tenniscoats. Mais la déambulation est naturelle, lente et tranquille. Il faut être dans cet état d'esprit pour saisir la poésie simple du moment. Il faut écouter pour entendre où nous porte cette balade. Il faudra prendre le temps, sinon le laisser filer et s'exciter devant un autre spectacle sûrement plus coloré et lumineux.