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live — By Chryde
Directed by
David Ctiborsky
In Paris

The Staves

Avant qu'un ami exilé en Grande-Bretagne ne nous invite à jeter une oreille à leur musique, nous n'avions jamais entendu parler de ces trois filles. Et à les écouter, à regarder trop rapidement les vidéos policées dans lesquelles leur label les a engoncées, il était facile de se faire une idée bien fausse, de les peindre comme trois soeurs belles, sages et policées, se ressemblant et harmonisant si joliment leurs voix qu'il semble quasi-impossible de les distinguer, chantant leurs chansons sans aspérités.

Pour la musique, nous avions tort. Des chansons comme "Winter Trees" ou "Eagle Sons" sont subtiles et superbement écrites, leurs harmonies sont de belles cousines de celles des Fleet Foxes. La joliesse n'est pas, ici, fadeur. Quant aux filles...

Sur un terrain vague surplombant une plage des Cornouailles, un van s'est arrêté. Elles en sont sorties. Emily, la plus vive et drôle. Jessie, la coqquette et Camilla, la plus discrète mais sans doute la plus mordante. Toutes trois belles, vives, drôles, bavardes, parfois vulgaires, toujours surprenantes et partantes. Elles boivent une gorgée de whisky avant l'enregistrement, à 3h de l'après-midi, d'un Concert à emporter. Elles marchent pied nus pour aller hurler sur une falaise. Elles reprennent à trois les chansons des Misérables en hurlant. Elles traînent pour arriver au concert qu'elles doivent donner sur la plage parce qu'Emily aime tant marcher pied nus dans le sable humide. Nous étions une petite centaine assis sur des rochers alentours. Beaucoup plus que prévu. Une centaine de personnes attendant qu'elles viennent chanter au coin du feu, priant pour qu'il ne pleuve pas. Sur une plage anglaise.

A la fin du mois d'août. Ben voyons... Après trois chansons, les filles entamèrent 'Mexico', et la pluie se mit à tomber. Quelques gouttes légères d'abord, comme dans l'après-midi, puis en torrents. Une panique absolue : sortir les parapluies pour protéger instruments et caméras, guider les spectateurs vers la paillote plus haut qui, de la région, est équipée et est déjà en train de monter ses tentes face à son comptoir. Ce qui nous a le plus surpris dans ce qui a suivi, outre le fait que la pluie ne voulait plus s'arrêter de tomber, ce sont le nombre de gens qui sont restés, assis sur des chaises de fortune, sous une tente ployant sous le poids de la pluie, pendant que les Staves et nous, à l'arrière de la paillote, séchions notre équipement et tentions de nous réchauffer.

Quoi faire, ce fut vite vu. Le comptoir de la paillote était comme une scène de  théâtre de marionnettes. Les filles se sont levées, elles ont chanté depuis leur abri. Puis, épatées par la ténacité de ces gens, sont sorties pour aller chanter sous les fragiles tentes, au milieu des ponchos. Ce sont d'autres moments, que nous gardons pour plus tard.

Ces filles étaient formidables, tellement plus riches que l'idée que nous aurions pu nous faire d'elles. Et le constat était le même pour leur musique. Allez écouter leur album, et revenez-y. Car nous, nous avons décidé de les suivre fidèlement.