Take away shows What's New Live One 2 one Music videos Pocket parties Docs
take away shows — By msaura

Stars Like Fleas

Lundi soir, un mois d'août, dans la voiture de Thomas 'Doveman', écrasé au fond du coffre déglingué. On vient de terminer une session vidéo dans l'usine de pianos Steinway, au fond du Queens, qui nous a laissé sur un nuage. On file vers l'appartement de Jennifer Charles à Greenpoint, passer une belle soirée à filmer Elysian Fields. Sur le siège passager, Sam Amidon (qui sort très bientôt un bel et singulier album chez Plug Research) me parle de son autre projet, un groupe à la forme mouvante, Stars Like Fleas.

Le nom me rappelle quelque chose, David Fenech me l'avait mentionné avant que je débarque à New York. J'explique à Sam que demain est mon dernier soir à New York, que je suis prêt à tout pour partir sur une belle dernière note. Cela aura lieu, le soir, tard dans la nuit de Brooklyn.

Les vidéos réalisées ce soir là avec les Stars Like Fleas sont, de tous les concerts à emporter filmés jusqu'ici, mes préférées. Les plus radicales aussi, très longues et exigeantes (bordel, une semaine après avoir mis en ligne les vidéos de Cali, on demande un grand écart et c'est plutôt excitant). Un souvenir sublimé forcément et l'impression de vivre un moment unique, de vraiment toucher au but des Concerts à Emporter: partager une création unique l'espace de quelques minutes - devant ses yeux, la musique qui se meut, évolue lentement, trouve un point d'accroche et s'envoie en l'air lorsque tous les membres se retrouvent - la caméra avec.

Stars Like Fleas c'est à l'origine le projet de Shannon Fields et Montgomery Knott, groupe mythique et rare à New York, performant depuis 1999 sous des formations variées. Montgomery est également le propriétaire de Monkey Town, restaurant et magnifique salle de Williamsburgh.

C'est là-bas que je retrouve les neuf membres du groupe, minuit passé. Ils sont nombreux et ont plein d'instruments magnifiques, je suis seul avec ma pauv' tite cam'. Deux heures plus tard, un verre de Lagavulin à la main, on se regarde tous dans les yeux et ça brille.

La cuisine de Monkey Town d'abord, tous entassés, sons superposés et joli bordel. Ils se mettent lentement en route, commencent à comprendre ce projet que personne, excepté Sam, ne connaît. Je leur demande de venir jouer dans la rue, ils refusent. Je leur demande une seconde fois, ils trouvent cela trop compliqué et bruyant à une heure pareille. J'insiste encore et ils cèdent enfin.

Les neuf magnifiques minutes qui suivent commencent par une impro à trois, Montgomery au chant, jusqu'à ce que le groupe se regroupe et que Shannon pose une mélodie que tout le monde suit. C'est un ami du groupe trouvé au comptoir qui m'aide pour le son, absolument saoul et beau chancelant. Le morceau s'envole sous l'impact de Ryan Sawyer aux percussions en tous genres - regardez le bien dans les deux vidéos, grand musicien aux idées infinies.

Les instruments sont lents à bouger, on trimballe ça à nouveau dans Monkey Town, dans l'arrière salle, celle qui sert de cinéma et de salle à musique, un grand cube aux quatre écrans de projections. Tous plus ou moins alanguis dans les sofas, la lumière des films projetés (une boucle que Montgomery fait tourner, dix minutes plus tôt on aurait eu du Mekas) semble rythmer la musique, donne une tension particulière, on tourne et tourne jusqu'à avoir le tournis, puis le frisson. On éteindra la lumière bien plus tard avant de repartir vers les nuits new-yorkaises. Joli terminus.

Le nouvel album de Stars Like Fleas, The Ken Burns Effect, enregistré en partie à la Rare Book Room brooklynoise de Nicolas Vernhes (génial producteur français exilé depuis longtemps sur qui l'on reviendra en prenant le temps) et mixé à la Greenhouse islandaise, sortira au printemps chez Talitres.