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take away shows — By Chryde

Les Pascals

Notre amour pour les Pascals est aussi vieux que la Blogothèque. C'était il y a longtemps, un disque sorti de nulle part, sur un petit label français, un disque dont l'histoire était déjà une belle invitation : un groupe de Japonais, musiciens amateurs, qui avaient décidé de se réunir pour interpréter ensemble les morceaux de... Pascal Comelade, instrumentiste français. C'était un orchestre foutraque d'une dizaine de personnes, mêlant violons, scie musicale, couinements de jouets, sifflets pour enfants, et parfois un chant maladroit. C'était un disque à la beauté fragile, naïf et enchanteur.

Puis les Pascals passèrent donner plusieurs concerts en France, c'était à chaque fois un enchantement. Matsu, leur leader, qui bravait sa timidité pour lancer les morceaux, les violonistes sagement alignées, le joueur de banjo qui changeait trois fois de tenue, le violoncelliste qui passait une scie sauteuse sur le pic de son instrument, et cet hurluberlu, dans le coin à droite, sorte de double fou et gras de Kitano qui, en marcel, jouait de jouets, de canards en plastique, de singes tambours, de crécelles en plastique...

Nous les avions filmés en concert, mais jamais ailleurs. Alors, lorsque nous sommes allés au Japon l'an dernier, nous nous sommes fixé comme objectif de les filmer. Ils ont dit oui, nous nous sommes retrouvés au Yoyogi Park. Les corbeaux étaient là par centaines, il y avait un pont, un petit lac, Colin retroussa les jambes de son pantalon.

Avant ça, quand nous les avions retrouvés, il n'y avait presque personne. Quelques jeunes qui traînaient, deux-trois joueurs de baseball, quelques gardiens que nous prenions soin d'éviter. Ne manquait que l'hurluberlu : il y avait les sages violonistes, le joueur de banjo, le vieil homme au tambourin qui fumait dans son coin, et Matsu, leader à l'exubérance toute japonaise, toute concentrée dans son sourire. Le groupe eut peur d'attirer l'attention des gardiens, et joua discrètement à l'ombre d'un arbre. Un morceau pour se chauffer, avant ce pont, ces corbeaux et ce cri incroyable de Matsu. Un cri de joie pure.