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take away shows — By François Clos

Kouyaté & Neerman

Nous y étions en Novembre, ou en Décembre, je me rappelle que la nuit était déjà tombée dans les rues froides du faubourg. C’était un peu sauvage, un peu secret, dans la nuit nous allions enregistrer Kouyaté, Neerman accompagnés d’Alain Simouni à la basse et David Aknin à la batterie. Nous avions gardé les blousons et les écharpes, car le garage n’était pas chauffé.

L'installation du groupe s'était faite en un tournemain ; mais pour nous ce fut une autre paire de manche. La caméra de Colin avait pris l'eau, l'écran était mort, et David fut appelé en renfort, avec son appareil photo qui parfois, faisait caméra (ou l'inverse). Je n'étais pas en reste avec une machine qui, mal maîtrisée, ne daignait pas enregistrer correctement les huit pistes : le vibraphone électrifié, la caisse claire, le couple d'ambiance, le balafon, la contrebasse semblaient commenter ironiquement ma déconfiture.

C’était pourtant sans ironie qu’en face le groupe riait et jouait à l'envi, reprenant Gainsbourg ou Michael Jackson, ébauchant des bribes musicales de leur album « Skycrapers & Deities ». Le jam était énorme et nous n’avions toujours pas enregistré la moindre note. Quand nous fûmes prêt, Kouyaté et Neerman déroulèrent un « Toumbéré » magistral, comme un rouleau compresseur au milieu de toute cette ferraille. Il n’y avait plus qu’à se laisser happer, regarder le ballet de Colin et David dans un mouchoir de poche, au milieu du groupe, au milieu du garage, au milieu de la Goutte d’Or désormais endormie, vaincue par le froid tenace que nous ne sentions déjà plus.