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take away shows — By Furtif

I'm From Barcelona

Rarement, dans un concert à emporter, il aura été autant nécessaire de rester jusqu'au bout, d'aller jusqu'à la dernière seconde pour en comprendre toute l'intensité. Il existe des séquences dont on devine par avance le scénario et la conclusion, se laissant porter de façon indolente par une trame prévisible. Introduction, plan serré, respiration, chanson, break, conclusion, rires, clap de fin. Celui-là, promis, se termine de manière totalement inattendue.

I'm from Barcelona, cette fois, était au complet après leur concert au Bataclan. Concert terminé dans la fosse, s'étalant jusqu'au trottoir dans un "Ophelia" joyeux, bordélique, nappé de confettis, de ballons et aidé de notre mégaphone. Nous étions des gamins d'ailleurs, à sauter partout, tapant dans les baudruches rouges. Pas gagné pourtant : le groupe venait de sortir Who killed Harry Houdini, contrepied sombre, courageux et intéressant à leur premier album pop naïf.

La profusion des sessions vidéos tournées par le groupe, ad nauseam de l'aveu même d'Emanuel, le chanteur, nous obligeait à composer. Il tenait vraiment à jouer de nouveau avec nous, après le très bon souvenir commun d'une chorale improvisée au Carreau du Temple quelques années auparavant. Il ne nous a pas déçus, renvoyant au centuple l'enthousiasme que nous avions eu à mettre en place tout ça.

S'armer de patience a été le moyen le plus sûr d'arriver petit à petit au final éclatant de ce concert à emporter, surtout au dernier soir d'octobre, lorsque le froid tenaille sur le boulevard Voltaire les quelques spectateurs resté pour servir, encore une fois, de chœur au groupe.

C'est dans le tour bus que tout a basculé, lors de cet intermède, où les Suédois allaient et venaient sans vraiment savoir de quoi la suite serait faite. Il a fallu que Colin, caméra en main, se fasse saoûler par ses nouveaux amis suédois à coup de cocktails étranges, qu'il bénéficie d'une visite du bus sur mesure, et qu'enfin, assis au carré, Emanuel commence par reprendre doucement à la guitare "Rain Falls for Wind" des Sleepy Jackson. Une cover toute en douceur, une plage de calme dans un tumulte de rires, de claps, de sirène de mégaphone...

Plus d'une heure a passé ainsi, pour que finalement l'étrange cortège s'étire peu à peu vers la station de métro. Nous étions encore trente, quarante personnes à suivre les Suédois grisés par l'alcool, qui reprenaient Mingus, aux abords de la station Saint-Ambroise ; trente à quarante à former une vague pop trop importante pour les tourniquets de la RATP.

Il y en a une parmi tous ceux qui ont assisté à la fin du Concert à emporter, qui doit particulièrement s'en souvenir. On ne sait pas comment elle s'appelle. Elle est jolie, souriante, remontant du quai où la rame de métro vient de la déposer. Elle revient sans doute d'une soirée entre amis, d'un cinéma avec son ami ou d'un repas chez ses parents. Il est minuit et elle entend le bruit qui résonne et dévale les escaliers depuis la plate-forme supérieure. Elle est ce qu'on aime particulièrement dans les Concerts à emporter : elle est l'imprévu, elle est la fraîcheur, elle est le regard étonné et conquis. Timing parfait, elle est arrivée pour l'apothéose.