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François Virot

C'est un corps qui se tord presque de souffrance, un trop plein comme difficile à contenir à l'intérieur, c'est surtout une gueule qui renvoie aux plus belles heures du cinéma policier, un gamin gredin entre flic et bandit, un peu des deux à la fois. C'est une tension qui éclate à l'image, c'est un personnage de cinéma, là tout de suite, dans les rues du vivant si vivant quartier de Château Rouge. C'était une après midi de janvier 2007. Deux heures plus tard j'étais en train de filmer Peter Von Poehl. Quel contraste.

François Virot est avant tout le batteur de Clara Clara, les 'Lightning Bolt' frenchy, comme on dit, trio clavier-basse-batterie qui ne s'embarrasse pas d'une quelconque estrade. Ils jouaient il y a quelques jours près de Paris, déflagration sonique absolue, perte de tympans assurée (j'en témoigne mais ne porterai par plainte), rythmique diabolique et intraitable. On comprend d'ailleurs mieux son jeu de guitares si particulier après l'avoir vu caresser à sa façon son drum kit - explosions nerveuses, retenues, coups de boutoir, relance permanente, Chris Corsano en tête, torse nu.

François Virot vient de Lyon, enfin y habite actuellement, mais vient d'ailleurs - rien à faire, impossible d'arriver à le comparer à un autre musicien français. Je ne sais plus par qui j'ai découvert sa musique (Pablo Nicomedes?), mais c'était quelqu'un de bien, qu'il en soit ici remercié. Et c'était encore via myspace. 4 morceaux comme tombés du ciel, faisant le lien rêvé entre mélodies tendues du début à la fin, morceaux qui grandissent et se lèvent sur leurs jambes fragiles, petit Thom Yorke s'acharnant à la sortir sa putain de mélodie, "Animal Collective débranché à lui tout seul" (elle est pas de moi celle là mais ça saute à la gueule). L'un des morceaux, 'My Head is Blank', s'est retrouvé sur la dernière compil CQFD des Inrocks, et n'a absolument pas gagné - bien lui en a pris, il se serait senti bien con, à prendre des cours de chant, à prendre des cours de scène. A prendre des cours... La meilleure école reste la buissonnière, la musique du petit Virot ne dit rien d'autre. Suffit de voir ses jambes bouger.

D'ordinaire cela m'emmerde de filmer un musicien avec une simple guitare dans les mains, encore plus si le musicien de peut en jouer qu'assis. Mais là c'est pas la même chose. Pour la simple et bonne raison que si François joue de la guitare, il n'en joue que depuis 6 mois, et que s'il a besoin de s'asseoir, c'est parce qu'il a toujours pas acheté de sangle. Grand style, même pas fait exprès.

Alors cette après midi là, l'espace de deux heures, on a rencontré du monde, on a poussé des portes, découvert le dernier des authentiques salons de coiffure, tenté de rallier des jeunes filles fans de rap à du folk plus lunaire, navigué entre fruits et légumes et entre peuples du monde. Dans l'agitation du quartier le plus vivant du tout Paris, on a discuté un peu et rigolé beaucoup - enfin, surtout moi, le pauvre François n'était pas bien sûr de ce qui avait eu lieu. Mais on avait fait notre petit cinéma artisanal à nous, au milieu de ce grand film passionnant qu'est la ville moderne, celle qui ressasse encore des lambeaux du passé et ne peut pourtant être qu'en 2007. Année grand cru, basculant dans l'ultra modernité au milieu de mélodies jouées avec les tripes et d'engueulades sur le prix du poireau.

Sur la blogo, à propos d'une autre vidéo, quelqu'un vient de poster: "c'est une base de données magnifique pour quand le monde en aura marre des puissants". C'est joli et assez juste, mais alors surtout pour évoquer la musique du jeune lyonnais.

Dans la première vidéo, François regarde la caméra, des petits coup d'oeil furtifs, pas vraiment pour s'assurer de ma présence mais plutôt pour recevoir comme une approbation, toujours une question dans l'air, "franchement tu es sûr?". Oui oui François, mille fois certain.