Take away shows What's New Live One 2 one Music videos Pocket parties Docs
take away shows — By msaura
Directed by
Vincent Moon
In Paris

Doveman

J'avais entendu parler de l'usine de pianos Steinway grâce à mon amie Dianna Dilworth, une copine new-yorkaise assez étonnante, toujours dans les bons plans, notamment ancienne colloc de Ed des Grizzly Bear, et par là même spectatrice unique de leur tout premier concert - le groupe étant alors réduit au seul Ed. C'était une soirée arrosée, elle l'avait convaincu de jouer pour elle dans sa chambre - j'en ai parlé à Ed récemment, il m'a assuré que c'était le pire concert de sa vie. Bon, c'était le premier.

Dianna m'avait mis en contact avec Leo Spellman, le directeur de l'usine, un vieux monsieur très distingué, et elle m'avait assuré qu'il fallait que je voie l'endroit à tout prix. Je pensais un peu hypothétique l'idée de pouvoir aller filmer un musicien là bas, mais en quelques mails un peu persuasifs c'était dans la poche, à ma plus grande surprise. J'avais d'abord comme idée d'inviter Zach 'Beirut' Condon, puis Sufjan Stevens, mais bon, au final ce fut le bien moins médiatisé Doveman, et très franchement, on n'a rien perdu au change. Au contraire même, et j'espère bien vous faire découvrir un grand talent - et qui cherche un label en Europe, so...

Thomas 'Doveman' Bartlett, j'en avais entendu parler par Alec Bemis, le boss du label Brassland (Clogs, les National par le passé, bientôt les très bons australiens de Devastations...), qui s'apprête à ressortir le premier album de Doveman, 'The Acrobat', début 2007 si tout va bien. 'The Acrobat' était sorti en 2005, ultra confidentiellement, mais chroniqué plutôt très élogieusement par Pitchfork (8.0 bande de geeks). Le genre d'albums qui s'installe chez vous et n'en part plus, simple et évident, comme si ........ (j'avais trouvé une métaphore pourrie, alors à chacun de remplir les blancs, avec cette musique ça vient tout seul).

Thomas a débarqué à New York il y a 5 ans, après des études très poussées de piano classique - un jeune prodige parti étudier à Londres avec Maria Curcio, mais également un grand fan de folk music, qui enregistra son tout premier album à l'âge de 12 ans, avec son groupe Popcorn Behavior (!). C'est en arrivant dans la grosse pomme à 20 ans que tout a acceleré, qu'il s'est convaincu de chanter, avec son filet de voix si limité mais si distinctif, et qu'il a commencé à jouer avec de sacrées pointures - lorsque je l'ai retrouvé pour faire ces vidéos, il revenait de Suède où il venait de jouer avec Yoko Ono, mais on le retrouve aussi depuis longtemps avec Chocolate Genius, Miho Hatori (Cibo Matto), et se prépare à venir en Europe jouer le Johnson du piano dans le groupe de Antony. Enfin, il m'embarqua le soir même chez Elysian Fields avec qui il tourne depuis 3 ans (c'est lui, le blondinet dans les vidéos mises en ligne il y a deux semaines). Ah, aussi, il joue sur le prochain album des National, mais j'en reparlerai bien assez tôt.

L'usine Steinway se trouve au fin fond du Queens, pas loin de l'aéroport de La Guardia, et on y est bien accueilli - monsieur Spellman vint nous dire bonjour, avant de nous refiler son assistante qui était censée nous faire visiter les lieux; on comprit assez vite qu'elle ne connaissait rien à rien, mais on se laissa guider tout de même dans les différentes salles parmi les longues étapes de fabrication d'un piano (une amie m'avait dit que 5 ans était nécessaire pour faire un piano Steinway, en fait c'est plutôt 10 mois, mais bon, retenons la légende).

Thomas n'était pas venu seul, il avait emmené son pote d'enfance Sam Amidon, joueur de banjo émérite qui sortira d'ici peu un album chez Plug Research, et qui participe à l'aventure Stars Like Fleas (la plus belle session vidéo que j'ai pu faire, en ligne... un jour), mais vous n'allez plus rien comprendre avec tous ces noms et projets divers - New York quoi, passionnante, étouffante.

Après le tour de la maison, on nous lâcha dans l'usine, on nous laissa les clés, et on nous oublia - on continue à se demander comment cela a bien pu se passer, mais c'était le bonheur à peu près, nous trois comme des gamins qui peuvent s'inventer des histoires dans un lieu mystérieux et unique. On a joué à la dînette dans l'usine de pianos Steinway, wow...

C'était une après midi new-yorkaise, il y a eu une impro solo au piano, Sam qui dansait et se pétait la gueule, un passage au milieu d'ouvriers qui s'étonnaient à peine de notre présence, un appel micro qui tombe miraculeusement là où il faut, un banjo dans des couloirs de bureaux moches comme tout, une entrée en scène comme un grand chef, une femme qui nous observe au loin sans même s'inquiéter, et encore quelques petits pas pour bien terminer. C'était un beau moment hors du monde.

Pour conclure, une note qui a son importance: Doveman cherche un label en Europe pour sortir son premier album, 'The Acrobat', et il travaille en ce moment même sur son second qu'il terminera d'ici la fin de l'année, et dont le magnifique morceau Castles fait partie. Ces petites images en mouvement, perdues dans le flux des vidéos quotidiennes, auront-elles un impact? A suivre...

Si vous voulez vraiment découvrir la musique de Doveman, allez donc écouter les cinq titres qu'il a enregistré pour les sessions de Daytrotter. C'est superbe, accompagné d'un texte à la hauteur, comme toujours