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take away shows — By Vincent Moon

David Moore / Bing and Ruth

J'ai rencontré David un soir d'août, au bord d'une piscine dans le sud de la France. Un ami commun l'avait embarqué dans un périple balkanique, et sur le chemin du retour parisien ils avaient fait un détour et se retrouvaient parmi nous, à Banyuls. La nuit s'allongeait, on commençait à s'intéresser à ce que faisait David.

Il était musicien, venait de New York, avait un banjo maculé de sang sous la main et venait de terminer son premier disque, sous le nom de 'Bing & Ruth' nous disait-il. On le pressa de nous faire écouter un morceau, il s'exécuta avec plaisir.

Alors que l'on s'imaginait tous une musique dansante et festive, un silence intense s'empara de la petite tablée. Chacun de nous partit dans ses pensées et ne redescendit qu'au bout de dix minutes. Ce soir là on avait voyagé avec un nouveau compagnon et on se disait que c'était un bon début.

J'ai passé de longs mois à écouter cet album, l'une des plus belles et uniques choses que j'ai pu trouver l'année dernière. L'album n'est toujours pas sorti, je crois que David pense a le faire en autoproduction. Envoyez lui un email si vous voulez vous le procurer - [email protected]

David est devenu un ami proche, et lorsque je me retrouvais a New York en février dernier, je lui proposais de faire un petit portrait pour le remercier. Le moment était bien choisi, l'hiver était beau et sec, et la neige venait de tomber en quantités sur Brooklyn. Cette musique si atmosphérique et rêveuse, on imaginait lui trouver un bel écrin dans l'immensité désertée de Coney Island un matin frileux. L'expérience fut difficile, par -10 ºC les musiciens devaient jouer gantés, il était impossible de tenir de longs plans flottants tout en se déplaçant dans la neige qui craquait sous les pieds, mais on repartit tous en se disant que au moins, on l'avait fait, que le vent avait beau s'engouffrer partout, c'était plutôt une drôle de façon de communier avec la nature à New York.

David avait connu une rupture difficile quelques mois plus tôt, dont il peinait à se remettre. Quelques jours après le petit film que voici, il m'envoyait un email. Cette fille qui l'avait quitté avait sonné a sa porte le jour d'avant, par surprise. Ils avaient passé quelques heures à parler, chez lui, à boire du vin et écouter de la musique. Il lui avait alors montré le film dans une première version qui ne comprenait que le passage au piano. Lorsque le morceau se termina, elle versa une larme, lui dit que c'était la plus belle chose qu'elle ai jamais vue. Ils s'embrassèrent - je ne connais pas la fin de l'histoire mais David vous la racontera. De toutes façons, si on me demande dans les années à venir pourquoi j'ai fait des films, j'aurai toujours une pensée pour David Moore.

- http://www.myspace.com/bingandruth
- http://www.myspace.com/davidmooreplayspiano