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take away shows — By Chryde

Cold War Kids

Ah, certes, on ne va pas les plaindre. Mais ça ne doit pas être si facile d'avoir tant de choses qui vous tombent dessus aussi jeune. Etre suivi, adoré et démonté avant même la sortie de votre premier album, être loué pour votre énergie alors que vous ne savez pas exactement comment la juguler, ni quoi en faire, exactement, être brocardé pour vos paroles alors qu'elles ne peuvent qu'être un manifeste de votre jeunesse.

Les Cold War Kids ont 20 ans et quelques poussières, un album et une réputation. Ils ont eu l'honneur d'être massacrés par Pitchfork, ce qui est une gloire en soi, et ont été méprisés par Libé pour des raisons inverses (Pitchfork aime la musique, mais reste trop agacé par les paroles, que Libé a aimé tout en méprisant la musique, allez savoir). Tout ce que nous savions nous, c'est ce que des échos plus ou moins lointains nous avaient fait entendre : ces gamins-là débordaient d'énergie, nous promettait-on. Le disque nous plaisait assez pour que nous allions y voir...

C'était la Plaine-Saint-Denis. Je ne sais pas si vous connaissez la Plaine-Saint-Denis. C'est un village en soi, de l'autre côté du périphérique. Des parkings, des entrepôts, quelques restos, et une vie en autarcie, entre les équipes de prod qui préparent votre menu TV et les grappes de téléspectateurs venus garnir le public en autocar. Les Cold War Kids étaient là, pour tourner l'«Album de la semaine» sur Canal+.

Dans un studio de télé, on ne peut pas filmer n'importe où. Il faut faire gaffe aux enregistrements en cours, prendre soin de ne pas enregistrer ce qui n'est pas censé être vu. Il ne restait, avant leur prestation officielle, qu'un couloir. Les gamins ont vu un chariot, ils se sont posés dessus et se sont lancés. Regardez-les, écoutez, on sent qu'ils ne savent pas trop dans quoi ils se sont lancés. St John démarre fort et en morceaux, comme une chanson trop vite lancée, qui se répare en chemin. Elle perturbe, elle intrigue, avant que le groupe ne finisse par trouver le ton : cela ne la rend que plus intéressante, on la regarde prendre forme avant une explosion jubilatoire.

C'était à chaque fois comme cela : ils brûlaient d'énergie et étaient consumés par la timidité, ne se donnaient à fond que peu à peu. Il aura fallu un certain temps à Vincent Moon pour les convaincre de se diriger, sur un parking vide et froid, vers ce bus là-bas, au fond. Personne ne savait qui était dedans, qui étaient ces élèves en tournée sur un enregistrement. Ils sont montés sans hésiter, se sont donnés, mais sont restés sur les marches. En marge, comme s'ils avaient peur de trop en faire. Et puis ils étaient comme impossibles à arrêter, quoi que fassent les gosses, où que se barre la caméra... Ils en ont fait juste assez : les gosses étaient ravis, et nous le sommes tous aujourd'hui.

Les Cold War Kids assurent la première partie de Clap Your Hands Say Yeah à la Cigale ce lundi soir.