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take away shows — By Chryde

Benjamin Clementine

Colin Solal Cardo a écrit sur ce Concert à Emporter sur Libe.fr. Il a cette phrase étrange. Après avoir passé plusieurs minutes à déambuler dans la Bibliothèque sans dire mot, à nous éviter du regard, s'abritant derrière une timidité si intense qu'elle en est effrayante, Benjamin Clementine est venu nous parler. D'une voix minuscule, chuchotant presque, il nous dit : "Je ne sais pas si je vais pouvoir faire une chanson plusieurs fois. Mes chansons, je me jette dedans, je me laisse porter. Je ne peux pas faire deux fois la même interprétation".

Colin Solal Cardo a écrit sur ce Concert à Emporter sur Libe.fr.

Tant mieux, on adore -parfois- être mis au pied du mur. Et quel choix avions-nous ? Benjamin Clementine ne laisse rien passer. Il est là sans être là, et quand il invite sa chanson, il est effectivement seul avec elle. Il ne regarde jamais rien de précis, il ne semble  pas même jouer, comme s'il avait tout débranché pour se laisser porter par la chanson, et accepter toute exubérance, toute variation qui s'imposerait sans crier gare.

Benjamin Clementine, c'est un jeune homme qui aurait décidé d'être Nina Simone, et aurait si bien réussi qu'il est déjà la Nina Simone vieillissante, la Nina Simone intransigeante, puissante, acrimonieuse. C'est le soldat illuminé de ses chansons. C'est un personnage, presqu'une chimère, quelqu'un qui vient occuper, remplir le réel sans non plus s'y frotter. Il regarde vers le sol, dans un coin de la Bibliothèque Sainte-Geneviève que l'on dirait sorti d'une illustration de Jules Vernes. Il chante la même phrase, encore et encore, la faisant frapper contre le vide énorme de l'endroit, et soudainement c'est nous qui avons été invité. Nous ne regardons plus du réel. Nous sommes dans un autre monde. Le sien.